1 – Définition et Usages :
Un Open Badge constitue une déclaration numérique vérifiable et infalsifiable relative aux expériences, réalisations, compétences, engagements, valeurs ou aspirations d’une personne.
Il s’agit d’une image numérique dans laquelle sont enregistrées un certain nombre d’informations ou métadonnées, dont les principales sont :
- l’identité du récepteur du badge ;
- celle de l’émetteur ;
- les critères d’attribution du badge ;
- les preuves justifiant de son attribution.
Et tout ça RGPD compliant…
Source d’info : https://www.dane.ac-versailles.fr/comprendre/qu-est-ce-qu-un-open-badge
Créés en 2011 par la fondation Mozilla, les Open Badges fournissent un système d’accréditation qui vise à créer de nouvelles opportunités de carrière et d’éducation en faisant la promotion de la reconnaissance des compétences et des réalisations acquises par le biais d’un apprentissage formel et informel. De nombreux types de badges peuvent être envisagés (participation, engagement (avec niveaux), savoir-faire, compétence, réalisation ou projet (individuel ou collectif), écrit réflexif, animation d’une action de formation, …).
L’application Openbadge passport permet aux propriétaires de badges d’ajouter des preuves complémentaires et de collecter des badges provenant de sources multiples, en ligne et hors ligne, dans un espace personnel. Ces badges peuvent ensuite être « endossés » (approuvés) par des tiers, ce qui peut leur conférer une valeur supplémentaire dans le temps.
L’architecture des badges garantit l’intégrité des informations qu’ils contiennent ainsi que la protection de l’identité de leurs récepteurs. Les badges sont à la fois infalsifiables, anonymisés et vérifiables.
2 – Analyse
Les travaux de recherche montrent quatre entrées récurrentes qui permettent d’analyser l’intérêt des Open Badges pour l’enseignement et la formation :
- La motivation : Encourager la découverte, promouvoir l’engagement, favoriser l’acquisition de connaissances, de savoir-faire et de compétences.
- La reconnaissance : Valider, mesurer et reconnaître les connaissances et les compétences acquises dans tous les contextes d’apprentissage, construire et formaliser une identité et un parcours, une association avec une communauté ou un groupe.
- Les preuves de réussite : Relier le badge numérique à des métadonnées contenant des preuves de compétences, de réalisation ou de connaissances, créer une représentation granulaire des capacités, pour cartographier les progrès d’un individu.
- Le « long life learning » : Rendre l’apprentissage plus transparent et accessible pour encourager l’engagement individuel et collectif dans une démarche de développement professionnel et personnel, d’apprentissage tout au long de la vie.
Point important : le parcours utilisateur commence par l’attribution d’un badge suite à une expérience (formation, pratique, …) et vise à rendre l’apprenant en capacité de transmettre ce badge.
Pour un territoire comme Rennes Métropole, on peut rajouter une 5e entrée encore peu étudiée dans les travaux de recherche : L’analyse des interactions et effets induits à l’échelle d’un territoire.
3 – Les actions sur Rennes Métropole
Concrètement, il y a déjà une longue histoire sur Rennes Métropole. En 2006, Rennes Métropole et l’association BUG, à l’époque sous l’impulsion de Nathalie Apperé, conseillère déléguée à la formation tout au long de la vie, ont développé un réseau social appelé Jardin des Savoirs. Les participants (citoyens) s’échangeaient réciproquement des compétences et validaient celles-ci entre eux ou grâce à des organismes habilités. Le Jardin des Savoirs a connu 6 000 membres jusqu’en 2010 ce qui permit à l’échelle du territoire de dresser un carto de connaissances et analyser des parcours et graphes avec les « offreurs » de formation (dont la MEIF , Maison de l’Emploi Insertion Formation devenue WeKer). On faisait déjà de la data science ouverte
En 2011, les Open Badges ont émergé grâce à l’impulsion de la fondation Mozilla. À cette époque également, nos partenariats avec Québec permettaient de s’appuyer sur des réflexions plus poussées outre Atlantique.
ex : Communautique : https://www.communautique.quebec/portfolio-items/badges-numeriques/
C’était une avancée radicale par rapport aux technologies développées à ce jour, en particulier le ePortfolio qui lui aussi a pour vocation de rendre visible et reconnaître les apprentissages.
Source d’info : https://journals.openedition.org/dms/2043 (merci Serge Ravet )
Ces réflexions se sont poursuivies avec le LabFab (création en 2012) et ses membres jusqu’à concevoir et mettre en œuvre par l’association BUG en 2019 un portail coopératif de badges ouverts à l’échelle régionale. https://badges.bzh (cofinancé par de l’ITI FEDER).
La coopération entre les organismes (dans ce cas des fablabs) permet aux « apprenants » d’accéder à un bouquet élargi.
Le LabFab rencontre par exemple un succès fort avec son badge sur la fabrication de capteurs (données ouvertes) : https://badges.bzh/badge/badge-sensor-community/ constituant ainsi une véritable communauté avec des profils très divers, complétant la démarche Ambassad’Air portée par la Ville de Rennes.
Ce succès amène à rejouer régulièrement cet atelier étant sollicité par divers territoires ou organismes qui ensuite se l’approprient pour continuer à le diffuser (… principe de l’audience combinatoire des réseaux sociaux).
Dans cette logique, l’articulation avec d’autres dispositifs est fondamentale : parcours MooC (plus de 300 000 inscrits à travers le monde aux MooC de l’IMT Atlantique et de divers partenaires dont bien évidemment le LabFab) et surtout les événements : ReMix (format beaucoup plus ouvert que les Hackathons), les ateliers animés, les Open Lab, …etc.
Depuis 2019, le Pôle Emploi a engagé des parcours MooC hybrides avec le LabFab pour des publics assez éloignés.
La Collectivité Rennes Métropole qui soutient le LabFab depuis son origine est membre d’ OpenBadgeFactory et peut à ce titre concevoir et attribuer des badges. Le Service Numérique sensibilise les agents de Rennes Métropole (plus de 300 métiers différents tous impactés par le numérique) à l’usage des badges et propose régulièrement la construction de badges pour des événements et formations. Des acteurs du territoire (économiques , associatifs, enseignement supérieur, …) viennent également se sensibiliser et être accompagnés pour ouvrir leurs premiers badges.
L’IntercoTour2021 qui était organisé depuis Rennes (et en visio) en juin 2021 a également été l’occasion de tester un Open Badge. Celui-ci a été bien reçu par les participants (et 80% des participants l’ont demandé et s’inscrivent de ce fait dans une démarche de long terme).
Des pistes très enthousiasmantes sont en réflexion en interne à Rennes Métropole sur le Design de Services et avec la DSI (Les badges étant très complémentaires de PIX, dispositif mis en œuvre pour mesurer les compétences numériques).
Quelques illustrations à suivre :
Exemple : Le badge “Participation Citoyenne sur la 5G” a été délivré aux habitants et élus ayant été formés à la 5G (téléphonie et Internet mobile) durant la Mission 5G conduite sur la Ville de Rennes (novembre 2020 – Février 2021).
Deux compétences distinctes sont inscrites dans le badge :
- Compréhension des enjeux de la 5G : techniques, économiques, environnementaux, réglementaires, sociétaux.
- Participation active à un débat citoyen jusqu’à la rédaction collective d’un rapport.
Les Régions Normandie et Pays de la Loire sont également membres d’OpenBadgeFactory et très actives dans cette démarche. Fin 2020, La Région Bretagne a sollicité le Service Numérique de Rennes Métropole pour une séance de sensibilisation sur les Open Badges dans le but d’y adhérer et donc pour de futures coopérations !
4 – Conclusion et perspectives :
Le premier apport des Open Badges a été de poser la question de la reconnaissance et d’y répondre par une technologie à la fois simple et innovante totalement dédiée à son objet. Un Open Badge n’est rien d’autre que la capture dans un objet technique, une image et ses métadonnées, d’une reconnaissance.
L’Open Badge n’est donc pas « une médaille en chocolat » mais plutôt une « Fabrique collaborative d’échanges réciproques de savoirs et pratiques ». Un badge isolé n’a que peu d’intérêt en soi. Sa valeur réelle réside dans le fait qu’il a une signification dans un environnement donné, un réseau, une communauté de pratique. Il a donc une valeur en contexte (notion d’altérité).
La question pour un territoire comme Rennes Métropole n’est donc pas d’y aller ou pas. Notre territoire d’enseignement et de recherche, avec les intensités d’échanges provoquées par son tissu culturel et associatif fort s’est déjà spontanément engagé dans des usages des Open Badges.
L’étape pré-figuratrice est dépassée. Et, d’autres acteurs sont déjà dans la place et proposent des services (…ou pas) basés sur l’analyse des données récoltées (Linkedin bien évidemment, et aussi Google cf Atelier expérimenté à Rennes, …).
Pour les Open Badges, il reste encore un bout de chemin. Il se fera par les pratiques et notamment par hybridation avec le système éducatif plus traditionnel. Cf : Les Open Badges sont-ils solubles dans le système éducatif français – et réciproquement ? https://www.u-ldevinci.fr/wp-content/uploads/2017/10/Open-Badges-Poitiers-10-2017.compressed-1.pdf
Le rôle de Rennes Métropole doit aller au-delà de l’usage (par l’attribution et l’incitation de nos partenaires à y contribuer) et certainement rechercher une opportunité d’agréger des données, vers une cartographie des savoirs et pratiques (identité), tout en observant les flux entre les acteurs : citoyens, organismes (altérité), dans le respect de l’anonymat. Il s’agit d’une partie conséquente du capital social territorial à cultiver.
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