Le 29 Septembre, le « EdTech Tour » a fait escale à Brest pour un temps de découvertes et d’échanges autour de la formation à l’âge numérique.
Le « EdTech Tour » est organisé par « EdTech Grand Ouest » qui rassemble des établissements, des organismes de formation, des associations, des startups EdTech du Grand Ouest … pour « inventer ensemble les formations de demain pour le territoire ». La rencontre « EdTech Tour » du 29 septembre s’est déroulée à Brest aux Capucins dans les locaux de la French Tech Brest + : le but d’une telle rencontre est de valoriser les réalisations et innovations des acteurs locaux, de découvrir de nouveaux outils et usages développés en proximité.
Claire de Wailly déléguée Edtech Grand Ouest, a présenté le contexte général. Les Edtechs (ou technologies éducatives) se consacrent aux outils et usages liés aux évolutions de la technique (FOAD, CD-ROM, e-learning, digital learning…) et de la formation (en particulier le développement de la granularisation, de l’individualisation, de la formation professionnelle) : des mutations que la crise du COVID a éclairées et accélérées. Les innovations portent sur différents champs : les apprenants, la pédagogie, la gestion et le suivi. De nouveaux métiers de la formation se développent comme le « formateur accompagnateur » ou le « digital manager ». Les transformations de l’écosystème lui-même interrogent : comment développer et organiser un territoire apprenant ? quels modèles économiques pour les Edtechs ? La filière compte 365 startups pour un marché de 89 millions/an avec un potentiel de marché mondial estimé à 500 milliards en 2025.
Jean-François Le Cloarec présente E-Learning Touch’, une agence globale de digital learning sise à Guipavas. Elle regroupe plusieurs pôles : expertise logicielle, studio média learning (conception et développement de contenus sur mesure par exemple en réalité virtuelle ou vidéo), LMS (« Learning Management System » comme les plateformes Moodle), e-learning touch academy (avec bientôt le déploiement d’un Learning Lab à Guipavas). Jean-François Le Cloarec souligne la croissance importante du secteur (900 % depuis l’an 2000). Il éclaire les tendances fortes : les « classes virtuelles », le « mobile learning » (de nouvelles habitudes font du smartphone l’outil principal, ce qui nécessite d’adapter les ressources), le « RichMedia » (la nécessité de composer des ressources pédagogiques multimédia, par exemple des vidéos intégrant des quiz), la « Gamification » (jeux sérieux, jeux d’évasion…). C’est que le monde bouge côté apprenants : ils sont désormais hyperconnectés et zappeurs ; flexibles, libres, et indépendants ; portés à travailler ensemble ; attirés par le fun et le visuel. Ces revendications nouvelles sont à prendre en compte pour favoriser une approche plus horizontale, encourager la coproduction des savoirs et la coconstruction des compétences, lier la formation à l’épanouissement personnel (par exemple la récompense via des open badges), permettre une mobilité choisie (maison ou entreprise). Et le formateur nouveau doit alors maitriser des compétences tout à la fois en expertise, en pédagogie, en technologie
Ancien enseignant à l IMT Atlantique à Plouzané, Michel Briand vient témoigner des horizons de la coopération ouverte. Il anime le blog participatif « Innovation pédagogique » qui reçoit environ 80 000 visites par mois. De nouveaux espaces coopératifs ouverts en écriture montrent la même dynamique, par exemple « Riposte créative pédagogique » pour l’enseignement supérieur et la formation des adultes : des groupes s’y intéressent plus particulièrement à la transition écologique et à l’hybridation en coopération ouverte, avec une réelle aspiration au partage. Un défi est collectivement lancé : passer des contenus ouverts (par exemple les MOOC, les blogs d’enseignants, les universités thématiques) à la coopération ouverte en formation (les cours y sont non seulement accessibles à tous mais réutilisables par tous, ce qui permet un véritable gain de temps et de richesse). Michel Briand pointe des problèmes : les plateformes Moodle aujourd’hui ne sont pas interopérables, les pouvoirs publics doivent arrêter de mettre de l’argent sur des contenus non réutilisables. Et il trace des voies : par exemple le site « Bretagne éducative », d’ores et déjà ouvert à la publication pour les acteurs et actrices de l’éducation, amené à se développer en espace plus collaboratif encore avec l’outil Yes Wiki ; de manière générale la vraie valeur ajoutée, c’est moins le contenu partagé que le processus de partage lui-même.
La rencontre EdTech Tour s’est prolongée par des échanges et des informations, par exemple autour des Territoires Numériques Educatifs amenés à se déployer de façon expérimentale dans le Finistère ou de l’appel à projets de la Région Bretagne sur la digitalisation des organismes de formation bretons.